Détoxication ou détoxination ? Pour qui et quand ?
[divider]
Qu’entend-on par la «cure de détox» ?
Ce terme est à la mode, tout le monde en parle.
Jeûne, monodiète, sève de bouleau, jus de légumes, cure Breuss, eaux diverses, raisin, charbon, argile, pépins de pamplemousse, pour ne citer que les plus utilisés. Chacun y va de sa propre recette. On en parle même au niveau des produits cosmétiques censés «détoxiquer» la peau …
Mais sait-on réellement de quoi il s’agit ?
Détoxication ou détoxination ?
Par définition, la détoxication est un processus par lequel l’organisme neutralise l’activité toxicologique de substances néfastes d’origine endogène ou exogène, en utilisant l’activité enzymatique organique, puis en solubilisant ces substances pour mieux les éliminer via le système rénal.
Le sens de la détoxination est assez pareil, c’est une sorte de nettoyage de l’organisme par des techniques naturelles afin de drainer les toxines endogènes et exogènes qui encombrent les organes d’élimination (ou organes émonctoires) et les empêchent de faire leur travail normal d’excrétion, provoquant ainsi un sur-stockage de déchets dans le corps.
Toxiques et toxines
Les toxiques venant de l’extérieur et les toxines fabriquées par le métabolisme (déchets issus du fonctionnement des cellules, mais aussi de l’accumulation de stress et de pensées négatives), sont considérés de la même manière par l’organisme qui veut à tout prix s’en débarrasser. Mais les organes d’élimination (reins, foie/intestins, poumons), encombrés par une longue pratique d’alimentation déséquilibrée, excédentaire ou carencée, par des excès de toutes sortes, par la sédentarité, le manque d’oxygénation, le stress, le manque de sommeil ou de relaxation, sont débordés et ne peuvent plus remplir correctement leur fonction.
Les toxiques exogènes sont de toutes natures : aliments raffinés (et donc carencés), industriels, et mal combinés entre eux, molécules de Maillards (cuisson au barbecue, grillade et fumage), additifs alimentaires synthétiques (colorants, anti-oxydants, édulcorants, exhausteurs de goût, émulsifiants, conservateurs, etc.), nitrates, résidus de pesticides, d’engrais, de fongicides issus de la chimie pétrolière, métaux lourds (films alimentaires, poissons, médicaments et vaccins), Téflon dans le revêtement anti-adhésif des poêles, médicaments de synthèse (antibiotiques, anti-inflammatoires, anti-douleurs, statines, anxiolytiques, pilule, etc.), excitants (café, thé noir, cacao, tabac, alcool), irradiation des aliments, ondes électro-magnétiques (ordinateurs, portables, montres et réveils à quartz, four à micro-ondes, etc.). La liste n’est pas exhaustive…
Mais les toxines endogènes sont parfois plus sournoises, car elles intoxiquent lentement mais sûrement, sans qu’on en ait conscience avant longtemps, car elles sont asymptomatiques.
L’accumulation de ces toxines (ou de ces poisons lents) provoquent, selon leur origine, l’acidification du terrain ou «acidose», avec des cristaux de sels d’acides colloïdaux , ou ce qu’on appelle la «mucose», avec excès de mucus provoquant des catarrhes de toutes sortes.
Cette acidose et cette mucose ont ceci en commun qu’elles encrassent l’organisme et encombrent les organes d’élimination, provoquant à son tour un sur-encrassement de tout l’organisme, y compris le côté mental et émotionnel…
Cure ou pas cure ?
Est-ce indiqué de se désintoxiquer ou faut-il laisser faire la nature ?
Normalement, dans de bonnes conditions d’hygiène de vie et d’alimentation, un organisme humain a les moyens de gérer les différentes sources d’intoxication, venues de l’extérieur ou de son propre métabolisme. Le corps est admirablement «pensé» pour gérer son autonomie, sa sauvegarde, son équilibre et son homéostasie. Le système rénal gère l’équilibre minéral et l’acidité du corps. Le corps possède également des systèmes-tampon (réserves de minéraux basiques) qui sont prévus pour pallier à des apports massifs d’acides ou une acidification subite, mais ces moyens sont limités et si l’apport d’acides ou d’acidifiants perdure, ces systèmes seront vite débordés ou provoqueront, par réaction, une déminéralisation… D’autres systèmes comme les organes secondaires d’élimination (notamment la peau) peuvent se mettre en action, lorsque les organes principaux sont débordés. On voit alors des épisodes de suées, odorantes ou non, grasses ou non, selon le types de toxines éliminées.
Mais cette mécanique idéalement prévue pour un rythme de vie dans des conditions de vie normales, est actuellement dépassée par toutes les pollutions (alimentation industrielle, eau, produits chimiques pétroliers présents dans les produits de consommation courante, médicaments de synthèse, drogues et toxiques, terre empoisonnée par les pesticides, les engrais et les fongicides, air et atmosphère, ondes électro-magnétiques, bruit, déforestation, etc.), tous les nombreux stress, un rythme de vie qui va en s’accélérant, la perte des valeurs sociales, familiales, morales et des traditions de bon sens.
L’homme est donc presque forcé de se «nettoyer» de temps en temps comme il le ferait pour sa maison ou ses vêtements, et ce qu’il ne fait plus instinctivement comme le faisaient ses ancêtres.
Certaines populations ou cultures ont gardés des pratiques de «nettoyage» parfois ritualisées : pensons au Ramadan chez les musulmans, au carême précédant Pâques chez les Catholiques, Yom Kippour chez les Juifs, aux périodes de jeûne rituel précédent l’initiation des jeunes adultes en Afrique ou en Amazonie.
Quel type de cure ?
On ne peut pas prescrire ou conseiller le même genre de cure à tout le monde. Chaque personne est différente, de par sa constitution, son tempérament, son terrain vital ou ses habitudes de vie.
Une personne affaiblie, amaigrie, frileuse, au peu de tonus vital n’a pas les ressources d’énergie nécessaire pour faire face à cette grandes dépense d’énergie que requiert une cure de détox. Il faudra d’abord qu’elle récupère de la force par une cure de revitalisation personnalisée.
A l’opposé, une personne floride, avec un léger surpoids, de constitution sanguine, aura plus de facilité à entamer une cure, même plus drastique.
Les cures courtes : jeûne de 1 à 2 jours (absence d’alimentation solide, sauf eau et tisanes non sucrées), monodiètes (un seul aliment sur une journée, ou sur un repas, une à plusieurs fois par semaine), cure de saison sur quelques jours sans dépasser les 5 jours (raisin, pommes, carottes, etc.), charbon végétal suractivé ,…
Les cures saisonnières, de moyenne durée, en gardant une alimentation normale et allégée : sève de bouleau, extraits de pépins de pamplemousse, tisanes éliminatrices (reins, foie, l’estomac, intestins), plasma de Quinton (ou eau de mer), bouillons de légumes frais, jus de légumes frais par extracteur de jus, eau Hydroxydase, etc.
Les cures de longues durée : jeûne long, de plus de 3 jours (demander impérativement l’avis de son médecin conseil et se faire suivre par lui et/ou un(e) spécialiste de la nutrition.
Conseils de bon sens
L’hiver est la période la plus pénible pour les organismes vivants, qui doivent utiliser toutes leurs ressources et leurs forces vitales pour survivre, pour lutter contre les agressions diverses et les infections et garder l’homéostasie. Le corps ne peut pas se battre sur tous les fronts en luttant contre le froid, le manque de lumière, les agressions bactériennes et virales et en faisant un dur travail d’élimination…
Les meilleures périodes, à mon sens, sont les changements de saison, au début du printemps (pour se «décrasser» des toxines de l’hiver») ou au début de l’automne (pour préparer le corps à mieux affronter l’hiver en santé).
N’oubliez pas que pour chaque cure, qui demande de gros efforts d’élimination, l’organisme doit être préparé et mis en conditions idéalement : il serait bien de se vider les intestins en douceur et avoir une alimentation atoxique pendant quelques jours précédant le début de la cure, d’une part pour ne pas s’intoxiquer avec ses propres toxines intestinales et d’autre part pour ne pas gaspiller l’énergie prévue pour l’élimination à de couteuses digestions.
Méfiez-vous aussi des «cures» ou «régimes» qui promettent une perte de poids importante rapidement. Les toxines sont normalement stockées dans les réserves graisseuses du corps. Si vous perdez du poids rapidement, sans que l’organisme n’y soit préparé, il y aura ce qu’on appelle un «relargage» d’une masse importante de toxines dans les liquides corporels circulants (sang, lymphe, liquide interstitiel) qui risquent à leur tour de ré-intoxiquer les organes et les systèmes. Mieux vaut avoir un amaigrissement lent et progressif pour habituer progressivement l’organisme à cette propagation toxique
Attention aussi à ne pas vouloir à tout prix faire la même cure que celle pratiquée par un ami ou un proche, ou celle qui est vantée par une revue quelconque : ce qui peut faire du bien à d’autres ne peut pas nécessairement vous convenir à vous.
L’idéal, à mon avis est de rester prudent et de ne pas s’engager à la légère dans un processus long, difficile à suivre ou comportant trop de restrictions.
Il vaut toujours mieux demander l’avis d’un(e) naturopathe ou d’un(e) spécialiste en nutrition et faire suivre ou surveiller l’évolution de cette cure, surtout si elle est de durée moyenne ou longue, aussi pour éviter les écueils, les questionnements sans réponses, les doutes, les inquiétudes ou les problèmes pouvant intervenir lors du déroulement de cette cure.
N’oubliez pas que la cure que vous aurez choisie doit vous aider à récupérer de l’énergie en favorisant l’élimination des déchets, donc qu’elle va vous aider à mieux vous porter et à vivre en meilleure santé. Qui dit santé, dit joie de vivre ! Alors, pratiquez cette cure avec joie, gratitude, mais aussi patience et confiance. N’oubliez pas de «vivre», même en «éliminant».
A lire : «Cures naturopathiques» Daniel KIEFFER, éditions Grancher