alimentation-crue2De tous temps et dans toutes les civilisations, on a vanté les vertus des aliments crus, frais et vivants. Nos ancêtres des cavernes ne connaissaient d’ailleurs pas les ustensiles sophistiqués dont toutes les familles actuelles se servent quotidiennement pour préparer les repas : micro-ondes, casseroles à pression, poêles en Teflon, plaques vitrocéramiques, et même le barbecue. Nous n’avons pas non plus à consommer les produits de notre chasse, tout nous est fourni par les magasins d’alimentation, à volonté, pré-emballé, pré-cuit, assorti de conservateurs et d’additifs…

Actuellement on vante le régime paléolithique de ces ancêtres comme étant le plus adapté pour les hommes-singes que nous sommes, paraît-il…

Nos illustres prédécesseurs, en tant que cueilleurs-chasseurs, se contentaient de viande crue ou rôtie au feu de bois, de poisson, de baies sauvages, de racines, de fruits juteux et oléagineux crus. Est-ce un phénomène de mode ou une réelle réflexion intelligente sur le régime le plus adapté à l’homme moderne ? On peut aussi se souvenir de la vague de l’instinctothérapie qui a enflammé pendant quelques temps les esprits (ou les instincts plus animaux) et qui continue encore à faire des adeptes. Mais, plus raisonnablement et plus proche de nous, il y certaines branches du végétarisme ou du végétalisme qui prônent une alimentation exclusivement crue.

Bref qu’en est-il de l’alimentation crue ? Est-elle réellement adaptée à notre style de vie, aux hommes et aux femmes évolués, mais aussi fragilisés par la civilisation, que nous sommes devenus ? Apporte-t-elle plus de nutriments essentiels nécessaires à l’équilibre et la santé ? Et ces nutriments sont-ils bien tolérés par notre tube digestif et bien assimilés par notre organisme ?

En théorie, tout ce qui est vivant est énergétique. L’homme représente un ensemble de fonctions et de paramètres qui vivent en équilibre si son hygiène de vie est équilibrée : alimentation, eau, respiration, mouvement. Son terrain vital est surtout influencé par l’équilibre de ses humeurs (sang, lymphe intra-cellulaire et extra-cellulaire, salive), l’idéal étant de garder ces valeurs liquidiennes en équilibre acido-basique. Les troubles de santé se manifestent

lorsque cet équilibre se rompt, pour de multiples raisons (et surtout l’alimentation carencée, et déséquilibrée) et que le terrain biologique évolue vers l’acidose, l’alcalose ou l’oxydation. Or, il se fait qu’une alimentation vivante et donc enzymatique fait évoluer le terrain vers l’alcalinisation (contraire de l’acidification) et l’anti-oxydation du terrain.

Donc, en principe, notre alimentation devrait idéalement comprendre un maximum de fruits et de légumes crus, contenant des minéraux et des oligo-éléments basiques facilement assimilables, en plus d’enzymes vivants (ouprotéines catalytiques) qui favorisent d’innombrables réactions biochimiques comme la digestion et l’assimilation, la croissance et l’anti-oxydation de l’organisme, phénomènes indispensables à la santé et la vie.

Cependant, en dépit de ces belles théories scientifiques et énergétiquement correctes, ce postulat présente plusieurs points négatifs ou difficiles à mettre en pratique.

D’abord, comme je l’ai dit au début, l’homme paléolithique était plus solide (son estomac aussi), plus résistant,

habitué à la vie en plein air et aux rigueurs des saisons, contrairement à l’homme moderne dont le tube digestif et le métabolisme se sont fragilisés à cause du confort, du manque de mouvement, de la nourriture raffinée et carencée, des pollutions, mais aussi des différentes sources de stress.

Ensuite, un des problèmes majeurs de santé est la flore intestinale (ou microbiote) déséquilibrée, souvent associée à la muqueuse intestinale poreuse (ou Leaky Gut), ce qui est à la base du syndrome du côlon irritable. C’est un double handicap qui empêche la bonne digestion et l’assimilation complète des fibres et des nutriments des légumes, légumineuses, céréales et fruits crus, et provoque des ballonnements et autres gênes digestives.

De plus, même pour une constitution et un tube digestif solides et endurants, manger cru et froid en hiver n’est pas toujours bien supporté ni agréable… Après une journée passée dans le froid, le vent et l’humidité, on aurait plutôt envie d’un potage bien chaud, ou d’une bonne mijotée de légumes.

Enfin, dernier point délicat, manger cru n’est pas vraiment convivial, sauf pour les membres d’associations où tout le monde a la même philosophie alimentaire. Il est difficile d’être invité chez des amis et d’apporter sa salade de crudités assaisonnée d’oméga-3, alors que la maîtresse de maison a mitonné pendant des heures un cassoulet selon la recette des Frères Troisgros (dont vous me direz des nouvelles !) …

Alors, comment concilier alimentation vivante et digestion optimum, surtout si on est un peu fragile du côté transit ?

Déjà le fait de prévoir quelques aliments vivants dans la ration quotidienne, permet une meilleure digestion du reste du repas, et empêche également l’inflammation chronique provoquée par l’hyperleucocytose digestive. Celle-ci est une sorte de réaction immunitaire produite par l’augmentation fulgurante des globules blancs au niveau de la circulation intestinale, qui survient lors de l’ingestion d’aliments cuits (mais aussi d’aliments raffinés et sucrés). Cette réaction inflammatoire est grandement diminuée lorsque le repas comporte une large part de crudités.

Ensuite, il est nécessaire de ne pas changer son régime alimentaire du jour au lendemain, pour ne pas traumatiser la capacité de digestion et d’assimilation de l’organisme. Comme toujours, un changement de régime nécessite un temps de transition avec une accoutumance progressive.

alimentation-crue3On peut alors commencer par des préparations qui contiennent peu de fibres ou des fibres dites «douces» : jus frais de légumes (à l’extracteur), purées de légumes crus (concombre, aubergine, courgette, potimaron, brocoli, betterave, carotte, navet, avocat, etc.) graines germées aux fibres douces et bien mâchées (alfalfa, fénugrec, radis, tournesol,etc.), jus d’herbe d’orge ou de blé, toutes les salades tendres (mâche, pourpier, frisée, roquette, laitue, fanes de carottes et de radis, etc.). Mais aussi des purée de fruits frais non acides (banane, pomme, poire, pêche, nectarine, raisin, etc.), sans la peau ni les pépins.

Ensuite, n’oublions pas les fruits oléagineux (toujours bien mâchés), les algues d’eau de mer (noria, laitue de mer, dulce, haricot de mer) et d’eau douce (spiruline, klamath), les herbes aromatiques fraiches (basilic, persil, thym, romarin, ciboulette, sarriette, origan, etc.), les fruits séchés (dattes, pruneaux, figues, abricots, sultanines, mangues), les champignons (en salade, c’est délicieux…), les huiles de première pression à froid, les oeufs biologiques (le blanc bien figé et le jaune encore liquide), le miel.

Si l’on commence progressivement à introduire des légumes crus dans sa ration, en les mâchant bien, le système digestif va s’habituer à les digérer et les assimiler, et on pourra, toujours progressivement, augmenter les quantités, en introduisant ensuite des fibres un peu plus solides (poireau, cardon, céleri, fenouil, chou, artichaut, etc.), ainsi que des céréales et des légumineuses germées (blé, seigle, avoine, millet, lentilles, pois chiches, mungo, etc.)

Alors, que penser d’une alimentation crue ?
Tout à fait crue ?

La santé alimentaire est dans l’équilibre et la variété.

Nous ne sommes pas des singes, mêmes si nous les considérons comme nos cousins… Nous sommes plutôt des omnivores évolués et civilisés. Ne perdons pas de vue notre évolution et ne renions pas nos acquis sur des centaines, si pas des milliers d’années, ne refusons pas non plus les avancées de notre civilisation et de notre alimentation.

Pour conclure, je pense que la santé passe d’abord et en premier lieu par une alimentation variée, balancée (entre protéines, enzymes, glucides, lipides), très végétale, très verte (chlorophylle), crue (avec modération et équilibre), biologique de préférence et très fraîche, sans oublier les bonnes sources de protéines, de féculents (céréales complètes), et de lipides poly-insaturés (à oméga-3 – 6 & 9).

Et n’oublions pas non plus le plaisir de redécouvrir les gouts authentiques oubliés, de sentir les parfums culinaires subtils, de toucher les différentes textures végétales, de cuisiner les innombrables ingrédients naturels qui s’offrent à nous sur les marchés, et de déguster, entre amis et proches, les merveilleuses et simples recettes des produits de la nature !

Bon appétit !

 

Je souhaiterais être rappelé(e)